Monsieur Touki is back !! Non mais sans déconner, le mec, il parle de lui à la troisième personne et en anglais… non mais allô quoi !
Bref, mon absence aura été longue. le pourquoi est complexe. Mon retour lui est simple ; la preuve avec ce post !
Voilà ici (oui, on peut aussi écrire plus simplement « voici ») un recueil de six nouvelles de mon auteur favori. Le ressenti est puissant, varié et permanent. Lire c’est vivre.
1/ La Peur
Exceptionnelle. Saisissante. La peur. Coucher avec un autre homme quand on est mariée et avoir peur d’être découverte, par son mari. Une peur que l’on croit indicible. Une peur que transmet beaucoup trop efficacement Zweig. Poulàlà.
2/ Révélation inattendue d’un métier
Héhé, les fameux pickpockets ! Ca me rappelle mon année barcelonaise quand, bon sang de bonsoir, les pickpockets auront rendu fous nombre de mes camarades étudiants. Je me souviens terriblement de mon envie poignante de frapper, frapper et encore frapper ces espèces de CONNARDS sans scrupules et ben, notre ami Stefan, lui, arrive, par un magique sens de l’observation, à rendre ce personnage presque touchant… une sensation et une confrontation de sentiments opposés qui vaut la peine d’être vécue, jvouldis !
3/ Leporella
La jolie femme de chambre, ou pas, Leporella, convaincue d’être un objet, ou du moins traitée comme tel, s’éprend de son patron… Une femme naît, la beauté et la sensualité avec. A ressentir.
4/ La femme et le paysage
Je cède la parole à ce qui suit :
« Son visage aux yeux clos était tendu douloureusement; je m’aperçus,angoissé, qu’elle voulait s’éveiller et ne le pouvait pas, que ses sens égarés cherchaient de toutes leurs forces à s’évader de cette prison de ténèbres, à retrouver leur lucidité. Et le fait que, sous le masque de plomb du sommeil, quelque chose luttait pour se dégager de l’enchantement, suscitait en moi la dangereuse envie de la réveiller. Mes nerfs brûlaient du désir de la voir non plus en état de somnambulisme, mais éveillée et parlant comme un être réel. Ce corps aux jouissances sourdes, je voulais à tout prix le ramener à l’état conscient. Je l’attirai violemment à moi, je la secouai, j’enfonçai mes dents dans ses lèvres et mes doigts dans ses bras, afin qu’elle ouvrît enfin les yeux et fît consciemment ce que jusqu’alors seul un vague instinct l’avait poussée à faire. Elle se courba en gémissant sous la douloureuse étreinte. « Encore… Encore… » murmura-t-elle, avec une chaleur insensée qui m’excitait et me faisait perdre la raison. Je sentais que l’éveil était proche, qu’il allait percer sous les paupières closes, qui déjà tremblaient d’une manière inquiète. Je la serrai de plus en plus fort, je m’enfonçai plus profondément en elle; soudain une larme roula le long de sa joue et je bus la goutte salée. La terrible agitation de son sein augmentait sous mon étreinte, elle gémissait, ses membres se crispaient comme s’ils eussent voulu briser quelque chose de terrible, le cercle de sommeil qui l’emprisonnait; soudain — ce fut comme un éclair à travers le ciel orageux — quelque chose en elle se rompit. Elle fut de nouveau un poids lourd et inerte dans mes bras, ses lèvres se détachèrent, elle laissa retomber ses mains, et lorsque je la déposai sur le lit elle resta couchée comme morte. J’eus peur. Involontairement, je la touchai, tâtai ses bras et ses joues, tout était froid, glacé, pétrifié. Seules ses tempes battaient faiblement. Elle gisait là comme un marbre, les joues humides de larmes; une respiration légère caressait ses narines dilatées. De temps en temps un faible tressaillement la parcourait encore, vague descendante de son sang agité, mais les spasmes peu à peu s’apaisaient. De plus en plus elle ressemblait à une statue. Ses traits se détendaient et s’humanisaient, devenaient plus juvéniles, plus limpides. La crispation avait disparu. Elle s’était assoupie. Elle dormait. »
Mon idéal.
5/ Le Bouquiniste Mendel
Touchant, le vieil habitué du café, l’emblématique bouquiniste Mendel…. ben finit par mourir quoi ! Et là, l’insignifiant sinon ce qui était devenu coutumier, ben disparaît aussi…. et là…. ben c’est plus tout à fait la même chose. Son absence matérialise sa présence passée. Paradoxe finement, encore une fois, décrit par Zweig.
6/ La collection invisible
Un monsieur qui ne voit plus. Sa femme qui voit très bien. Un monsieur qui présente avec amour à tous ses visiteurs son exceptionnelle collection. Tous les visiteurs voient très bien mais personne ne la voit. Et pour cause, madame l’a vendue !! Situation non pas cocasse mais bel et bien troublante. Entre mensonge et vérité, où se situe l’équilibre ?
J’en ai terminé avec ce recueil. Lisez-le, vous vibrerez. 🙂
Monsieur Touki.