Stefan Zweig est mon auteur favori. Je l’adore, il me fait rêver à chacune de ses nouvelles. Je risque donc de manquer d’objectivité lors de ces critiques… Cela étant, décrire un ressenti me direz-vous est purement subjectif. Ouais, donc en fait, ce que je viens de dire ne sert à rien. Oui, merci, je ne sers à rien non plus. Bon, une corde… 😉 Oups, je viens de me suicider… merde, et pourtant j’écris encore… Je suis devenu FOU, l’Amok m’a tuer… et ça tombe bien parce que l’Amok c’est quoi c’est ça, deux points ouvrez les guillemets et merci Mr Zweig :
« – Amok?… je crois me souvenir… c’est une espèce d’ivresse chez les Malais…
– C’est plus qu’une ivresse… c’est de la folie, une sorte de rage humaine… une crise de monomanie meurtrière et insensée, à laquelle aucune intoxication alcoolique ne peut se comparer. »
L’amok, c’est un truc incroyable mais c’est encore mieux quand c’est Stefan qui l’explique. Allez, plongeons-nous dans ce recueil de 3 nouvelles où la passion prime, et dans l’ordre siouplé !! 😉
1/ Amok
ou, le fou de Malaisie. Oui, bon, on avait compris merci ! 😉
Le narrateur rencontre sur un paquebot un monsieur atteint par cette maladie. Ce dernier lui raconte son histoire, bouleversante, celle qui l’aura fait contracté ce syndrome. Inutile de rentrer dans les détails. Ce que l’on ressent est tellement fort.
La chaleur moite est horriblement transmise. J’ai l’impression de suer alors qu’en fait je suis simplement confortablement installé, les pieds sur le bureau, une couverture sur les jambes, le chat ronronnant gaiement et venant se frotter la tête contre ma barbe. Je sue donc sans suer du tout, étrange, unique, du Stefan Zweig quoi. J’ai peur aussi, enfin, on se comprend, je stresse un tantinet pour le personnage central… la femme qu’il rencontre me déstabilise un chouïa. Diable, que j’aimerais la rencontrer !
Je lis, je dévore, j’ai faim – « mais arrête de te frotter contre moi boule de poils ! » – et puis vient l’instant où il se met à courir comme un dératé… et là, stupéfaction, mon coeur s’accélère, je cours avec lui, il m’épuise, non, je résiste ! Je cours plus vite, « allez vieux, accélère un peu, je te mets la pâtée là, héhé », je l’encourage… on s’arrête, et croyez-le ou non, je me sens essoufflé, oui, essoufflé !!
Et ça continue, je ressens ce que le personnage ressent, heureusement, il ne fait pas l’amour, j’ai horreur de la frustration… imaginez donc le chat aussi… lui si confortablement installé sur moi… bref, je dérive. 🙂
Cette nouvelle est source de plaisir et d’adrénaline. Lisez-la ou mourrez ! 😛 Et ce n’est pas ma préférée. Celle qui vient l’est presque.
2/ Lettre d’une inconnue
Avec Un Mariage à Lyon, cette nouvelle est ma préférée de Stefan Zweig. Elle me bouleverse, elle me déstabilise et Dieu seul sait combien cela est difficile.
Le ressenti est étrange, je vis à travers l’un des deux personnages principaux, l’écrivain, le dandy. Je me reconnais instantanément en lui. L’impression est étrange. Il est moi. Je suis lui. Le même, à quelques exceptions près. Dans le même temps, je me mets à la place de la jeune femme qui depuis enfant, fantasme, vénère cet homme qui ignore son existence, qui ignore sa présence, qui ignore son souvenir.
Quelle force ! Quelle impression laissée. A la fin de la lecture, une fatigue immense m’envahit, phénomène rare également s’il en est. Zweig écrit avec une finesse que je n’ai jamais rencontré chez quiconque. Littéralement exceptionnel.
3/ La ruelle au clair de Lune
Cette nouvelle ressemble beaucoup à l’Amok si l’on considère les relations humaines, entre asservissement et passion teintée de folie manifeste. L‘intensité est moins forte mais cela est appréciable… Non mais attendez un peu, une troisième nouvelle aussi intense que les deux précédentes et on est bon pour l’infarctus !
Finem Spicere,
Monsieur Touki.
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Un soupçon légitime