RSS

Archives de Tag: solitude

Ravel, de Jean ECHENOZ

« Quand Wittgenstein, vexé, lui écrit en retour que les interprètes ne doivent pas être des esclaves, Ravel lui répond en cinq mots. Les interprètes sont des esclaves. »

Et bim !

C’est ce que j’appelle communément une civière :  notre ami Wittgenstein n’a qu’à joliment s’allonger et attendre d’être sorti du terrain….

Maurice Ravel !  C’est qui? Ben c’est un musicien, un compositeur. Hors pair? Je ne suis pas suffisamment instruit, doué, éduqué pour vous le dire. A vous d’ouvrir votre lecteur Windows Media pour écouter son oeuvre.  Les fanatiques, soit d’Apple, soit de la musique classique me trucideront. Les premiers pour d’obscures raisons mêlant endoctrinement et inconscience collective et les seconds parce qu’écouter de la musique classique ailleurs que sur un bon 33 tours est une hérésie que seuls se permettent les profanes stupides et beaufs… Ouch, quelle bande de rageux quand on y pense… Bref, encore une fois, je m’égare. 😀

Non, sérieux, Jean Echenoz s’intéresse aux 10 dernières années de Maurice, la période où la fatigue s’installe, la chiantise de la vie aussi (et les névroses qui vont avec). Bref, un moment de gaieté permanente ou Maurice, certes malmené par ses soucis mentaux, apparaît dans sa plus intime personnalité.

Echenoz est décidément un sacré auteur. Ah ça, oui. 🙂

Finem Spicere,

Monsieur Touki

Du même auteur :

14

 
2 Commentaires

Publié par le 4 Mai 2013 dans Inter nos

 

Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Le vieil homme et la mer, d’Ernest HEMINGWAY

On s’en fout mais je le dis quand même, ce livre est MON livre. LE livre. Celui qui m’aura rendu amoureux. Amoureux de lire. Amoureux des mots. Amoureux des gens, de leur histoire. Un livre qui m’aura initié malgré lui, probablement, à la tolérance, à l’acceptation d’autrui, de ses souhaits, de ses aspirations, de son destin même peut-être.

Ce livre n’est pas un guide, il est le déclencheur. Quand, à 8 ans, je le lus pour la première fois, ma vie bascula, mon esprit chavira. Mon cerveau fit émerger une partie jusque là enfouie…. la curiosité, insatiable, inextinguible, inexpugnable et autres adjectifs à quatre syllabes.

Bref, ce livre, ce chef d’oeuvre, l’histoire d’un homme, un vieil homme même, et de sa vie, la mer.

« Il regarda la mer et sut comme il était seul. Mais il distinguait les prismes de l’eau sombre et profonde, et la ligne qui le tirait vers l’avant, et l’étrange ondulation du calme. Les nuages s’accumulaient maintenant sous le souffle de l’alizé, et quand il regarda droit devant il aperçut un vol de canards sauvages comme découpés contre le ciel et l’eau, puis s’effaçant, puis nets à nouveau et il sut qu’aucun homme n’était jamais seul sur la mer.« 

Un combat, avec un poisson, un gigantesque espadon.

« Si tu n’es pas fatigué, le poisson, dit-il fort, tu ne dois pas être ordinaire. »

Un combat cruel, une lutte respectueuse et humble : « Poisson, dit-il, je t’aime et je te respecte beaucoup. Mais je t’aurai tué avant que ce jour finisse« 

Je ne peux pas en dire plus. Je vous laisse découvrir par vous-mêmes les extraits suivants :

« Il vit d’abord une ombre très sombre qui prit si longtemps pour passer sous son bateau qu’il ne put en croire la longueur.

– Non, dit-il. Il ne peut pas être gros comme ça ?
Mais il était aussi gros que ça et lorsqu’à la finn du cercle il émergea à la surface à même pas trente mètres du bateau, il vit sa queue sortir de l’eau. Elle était plus haute qu’une grande lame de faux, et d’un bleu lavande au-dessus du bleu sombre de l’eau. Elle le suivait pendant qu’il nageait juste sous la surface et le vieil homme distinguait maintenant son énorme
volume, et les rayures mauves qui le zébraient. Il avait replié son épine dorsale, mais les nageoires pectorales étaient largement déployées. »

et la fin du combat :

« Alors le poisson eut un soubresaut de vie, avec la mort en lui, et s’éleva haut sur la mer, déployant toute son immense longueur, sa puissance massive et sa beauté. Il sembla suspendu en l’air au-dessus du vieil homme dans son canot. Puis il retomba dans la mer dans un écrasement qui renvoya son écume sur le vieux et remplit son canot. »

et ben non, le combat ne fait que commencer, éternel recommencement :

« Ils naviguaient bien, et le vieil homme laissait tremper ses mains dans l’eau salée et essayait de garder la tête claire. Il y avait de hauts cumulus, et assez de cirrus au-dessus d’eux pour qu’il sache que la brise durerait toute la nuit. Et tout le temps le vieil homme regardait le poisson, pour être sûr que c’était vrai. C’était une heure avant que le premier requin les attaque. »

Monsieur Hemingway, merci.

Finem Spicere,

Monsieur Touki.

Du même auteur :

Pour qui sonne le glas

 
2 Commentaires

Publié par le 24 janvier 2013 dans Inter nos

 

Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Amok – Lettre d’une Inconnue – La ruelle au clair de lune, de Stefan ZWEIG

Stefan Zweig est mon auteur favori. Je l’adore, il me fait rêver à chacune de ses nouvelles. Je risque donc de manquer d’objectivité lors de ces critiques… Cela étant, décrire un ressenti me direz-vous est purement subjectif. Ouais, donc en fait, ce que je viens de dire ne sert à rien. Oui, merci, je ne sers à rien non plus. Bon, une corde… 😉 Oups, je viens de me suicider… merde, et pourtant j’écris encore… Je suis devenu FOU, l’Amok m’a tuer… et ça tombe bien parce que l’Amok c’est quoi c’est ça, deux points ouvrez les guillemets et merci Mr Zweig :

« – Amok?… je crois me souvenir… c’est une espèce d’ivresse chez les Malais…
– C’est plus qu’une ivresse… c’est de la folie, une sorte de rage humaine… une crise de monomanie meurtrière et insensée, à laquelle aucune intoxication alcoolique ne peut se comparer. »

L’amok, c’est un truc incroyable mais c’est encore mieux quand c’est Stefan qui l’explique. Allez, plongeons-nous dans ce recueil de 3 nouvelles où la passion prime, et dans l’ordre siouplé !! 😉

1/ Amok

ou, le fou de Malaisie. Oui, bon, on avait compris merci ! 😉

Le narrateur rencontre sur un paquebot un monsieur atteint par cette maladie. Ce dernier lui raconte son histoire, bouleversante, celle qui l’aura fait contracté ce syndrome. Inutile de rentrer dans les détails. Ce que l’on ressent est tellement fort.

La chaleur moite est horriblement transmise. J’ai l’impression de suer alors qu’en fait je suis simplement confortablement installé, les pieds sur le bureau, une couverture sur les jambes, le chat ronronnant gaiement et venant se frotter la tête contre ma barbe. Je sue donc sans suer du tout, étrange, unique, du Stefan Zweig quoi. J’ai peur aussi, enfin, on se comprend, je stresse un tantinet pour le personnage central… la femme qu’il rencontre me déstabilise un chouïa. Diable, que j’aimerais la rencontrer !

Je lis, je dévore, j’ai faim – « mais arrête de te frotter contre moi boule de poils ! » – et puis vient l’instant où il se met à courir comme un dératé… et là, stupéfaction, mon coeur s’accélère, je cours avec lui, il m’épuise, non, je résiste ! Je cours plus vite, « allez vieux, accélère un peu, je te mets la pâtée là, héhé », je l’encourage… on s’arrête, et croyez-le ou non, je me sens essoufflé, oui, essoufflé !!

Et ça continue, je ressens ce que le personnage ressent, heureusement, il ne fait pas l’amour, j’ai horreur de la frustration… imaginez donc le chat aussi… lui si confortablement installé sur moi… bref, je dérive. 🙂

Cette nouvelle est source de plaisir et d’adrénaline. Lisez-la ou mourrez ! 😛 Et ce n’est pas ma préférée. Celle qui vient l’est presque.

2/ Lettre d’une inconnue

Avec Un Mariage à Lyon, cette nouvelle est ma préférée de Stefan Zweig. Elle me bouleverse, elle me déstabilise et Dieu seul sait combien cela est difficile.

Le ressenti est étrange, je vis à travers l’un des deux personnages principaux, l’écrivain, le dandy. Je me reconnais instantanément en lui. L’impression est étrange. Il est moi. Je suis lui. Le même, à quelques exceptions près. Dans le même temps, je me mets à la place de la jeune femme qui depuis enfant, fantasme, vénère cet homme qui ignore son existence, qui ignore sa présence, qui ignore son souvenir.

Quelle force ! Quelle impression laissée. A la fin de la lecture, une fatigue immense m’envahit, phénomène rare également s’il en est. Zweig écrit avec une finesse que je n’ai jamais rencontré chez quiconque. Littéralement exceptionnel.

3/ La ruelle au clair de Lune

Cette nouvelle ressemble beaucoup à l’Amok si l’on considère les relations humaines, entre asservissement et passion teintée de folie manifeste. L‘intensité est moins forte mais cela est appréciable… Non mais attendez un peu, une troisième nouvelle aussi intense que les deux précédentes et on est bon pour l’infarctus !

Finem Spicere,

Monsieur Touki.

Du même auteur :

Un soupçon légitime

 
4 Commentaires

Publié par le 8 janvier 2013 dans Inter nos

 

Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

L’amour commence en hiver, de Simon VAN BOOY

Voici l’une de mes dernières acquisitions, impulsive, après un coup de foudre pour la première de couverture (avouez, elle est classe 😀 )

Et bien, il est peu de dire que le coup de foudre n’a été qu’un pauvre mirage ! En effet, ce roman, le premier paru en France,  d’un écrivain anglais salué par la critique internationale, n’a pas réussi à m’accrocher… si bien que j’ai fini par décrocher totalement. 😦

Quelle déception !

Pourtant, je m’y suis repris à plusieurs fois mais l’énonciation sans cesse changeante, avant même de me perturber, me perd. Me voici à la 50ème page que je ne comprends toujours rien… me voici de nouveau à la 50ème page que je n’y comprends toujours rien…. OSEF ! #livrecontrelemur

Désolé pour cette critique finalement peu constructive, je retenterai peut-être ma chance… Quoique rien n’est moins sûr, je ne dépucelle qu’une fois… le plus sale des pléonasmes, n’est-il pas ! 😉

A lire tout de même, pour me montrer que je passe bien à côté du chef d’oeuvre tel qu’il est décrit.

Finem Spicere,

Monsieur Touki.

 
Poster un commentaire

Publié par le 23 décembre 2012 dans Inter nos

 

Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Le premier amour est toujours le dernier, de Tahar BEN JELLOUN

« Aimer, c’est célébrer la rencontre de deux solitudes. »

Déjà que l’amour n’est pas un truc évident, alors l’amour entre l’homme et la femme arabe, je vous laisse imaginer !!! 😉

Cette boutade écrite, force est de constater l’immense sensibilité de ce livre, de ces histoires d’amour… Un univers exceptionnel, attachant, exotique, sucré et finalement attirant : celui du monde arabe.

Parfois, il est revigorant de pouvoir lire de si belles lignes, surtout d’un auteur que personnellement, j’apprécie beaucoup. L’amour n’est-il pas finalement quelque chose d’une simplicité déconcertante? Les mots sont-ils utiles? Le ressenti suffit… l’alchimie même, existe, diront certains. Les paradoxes du monde arabe le soulignent d’autant plus.

« Dans mon pays, il y a quelque chose de brisé dans les relations entre l’homme et la femme. Au sein du couple, il n’y a point d’harmonie. L’amour est le reflet d’une grande violence. Il est trop souvent confondu avec la sexualité. Alors que la femme dit qu’il ‘y a pas de sexualité sans amour, l’homme lui répond : pas forcement.
Ce livre raconte le déséquilibre et les malentendus entre l’homme et la femme arabes. Les histoires que l’on y trouve ne parlent que d’amour, c’est-a-dire de solitude, de secret et d’incompréhension. Et puis ce besoin d’amour devient vite une recherche de soi, car pour aimer l’autre, pour donner, il faut s’aimer un peu soi-même. Ce n’est pas si simple, dans un pays ou la tradition et la religion aident surtout l’homme à asseoir sa petite puissance, alors même que rien ne peut s’y faire sans la femme.» Tahar Ben Jelloun

C’est donc avec le coeur léger, le sourire et les cheveux en broussailles à force de les secouer de plaisir (oui, oui, j’ai parfois d’étranges réflexes) que je repose ce livre et écrit avec plaisir ces quelques lignes, témoignage d’un bon moment.

Finem Spicere,

Monsieur Touki.

 
1 commentaire

Publié par le 20 décembre 2012 dans Inter nos

 

Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Sukkwan Island, de David VANN

Bon, ce livre a été écrit par Mr David Vann, c’est son premier roman et il y a consacré 10 ans !

C’est la première chose que j’ai su à propos de cet ouvrage…. 10 ans de sa vie! Fichtre, je me suis senti OBLIGE de l’acheter puis…. de le dévorer.

Le scénario, quoique glauque il faut se l’avouer, est franchement intrigant et l’on peut tout de même se demander s’il n’y a pas une petite histoire vraie derrière tout ça. Je dis ça… je dis qu’on s’en fout.

La relation père-fils est troublante, je dois le reconnaître, et parvient à transmettre une émotion, difficile à exprimer, mais bel et bien réelle. Oui, oui, je vous assure, cette dernière phrase est tout à fait pertinente !

Et puis franchement, entre nous, c’est que l’on angoisserait presque tant le récit est fluide et les faits, puissants.

Je suis ressorti de cette lecture un tantinet troublé voire même écoeuré, au sens propre, avec une impression de nausée bizarrement exaltante. Cette sensation franchement étrange mais surtout inédite pour moi fait que mon premier ressenti de lecture apporté sur ce blog soit dédié à ce livre.

Et puis, c’est pas comme s’il avait pas reçu le Prix Médicis étranger ! Mais ça, je ne l’ai appris qu’après…

Bonne lecture à tous! Je suis tous yeux ouverts pour recueillir votre ressenti personnel 😀

Finem Spicere,

Monsieur Touki.

PS : Ah oui, j’ai lu ce livre avec l’édition Gallmeister, collection Totem, et beh, je peux vous dire que c’est une édition vraiment cool ! Mais bon, je vous donnerai plus de détails dans un article dans la catégorie Les Editions 😀

 
Poster un commentaire

Publié par le 4 novembre 2012 dans Inter nos

 

Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,