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Quartier perdu, de Patrick MODIANO

« Je suis resté longtemps au bord du trottoir, à regarder le flot des voitures, le clignotement des feux rouges et des feux verts, et, de l’autre côté du fleuve, l’épave sombre de la gare d’Orsay. A mon retour, les arcades de la rue Rivoli étaient désertes. Je n’avais jamais connu une telle chaleur la nuit, à Paris, et cela augmentait encore le sentiment d’irréalité que j’éprouvais au milieu de cette ville fantôme. Et si le fantôme, c’était moi? »

Après vingt ans d’exil en Angleterre où il connut le succès, Ambrose Guise, écrivain, revient à Paris pour y rencontrer son éditeur. Davantage qu’un retour à Paris c’est une nouvelle rencontre avec ses souvenirs, plus ou moins heureux. Il fait nuit. Une obscure clarté illumine la capitale, l’écrivain remonte dans son passé, tente de répondre à de nombreuses questions, dont celles qui l’ont contraint à partir.

Lyrisme et narration s’affrontent ou plutôt, collaborent. L’auteur est extrêmement doué et parvient à jouer sur les deux tableaux : les charmes de Paris by Night et les affres de son personnage. Le ressenti est électrisant, au sens statique du terme. On avance, au rythme du personnage, lentement, sûrement, prudemment. Une pointe d’ennui émerge, après tout c’est son histoire, il la connaît et cherche à la recréer, nous, non, et ne cherchons qu’à la découvrir : les attentes sont différentes, un décalage se crée. Cela étant, se laisser bercer par les mots est agréable, cette lecture n’enchante pas mais elle repose.

Le calme est requis, la nuit est le moment parfait pour lire ce livre. Je l’ai fait, je me suis senti en accord avec l’histoire. Il aura fallu cela, sans quoi ce livre m’aurait certainement lassé.

« Là-bas, une lumière blanche de projecteurs éclairait le dôme des Invalides et donnait au bâtiment l’aspect d’un immense panneau en trompe l’oeil. J’éprouvais ce même sentiment d’irréalité que devant la tour Eiffel et tentais de le combattre en retrouvant dans ma mémoire ce qu’évoquait pour moi cette esplanade : la fête foraine qui s’installait là, chaque année, du temps de mon enfance, et où ma mère m’emmenait, les manèges, les tirs à la carabine, la baleine Jonas… »

Finem Spicere,

Monsieur Touki.

 
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Publié par le 30 décembre 2012 dans Inter nos

 

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