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Archives du 28 décembre 2012

Le Gone du Chaâba, d’Azouz BEGAG

Un récit autobiographique de l’ancien ministre des chances en 2005, Azouz Begag. Il y explique son enfance, dans le Chaâba, le bidonville aux alentours de la ville de Lyon. Soyons clair, ses chances initiales de devenir ministre de la république française étaient… infimes ! Mais c’est grâce au goût de la lecture, de l’apprentissage en général mais aussi grâce à ses facultés innées, décelées et encouragées par ses parents que l’auteur parvient à ne pas perdre pied. Le rôle de l’instituteur aussi aura son rôle… Entre mérite et chance, la frontière est souvent floue ; ce récit, cette histoire, cette autobiographie le montre bien.

Les frontières mais aussi les liens causes-conséquences entre réussite et milieu social sont source de surprise, d’incompréhension, de conflits inévitables, de distanciation finalement.

« Alors ? dit Moussaoui en me fixant d’un oeil malicieux et plein de reproches.
– Alors quoi ? » fais-je sans me douter le moins du monde de ce qu’il peut bien me vouloir.
Ses yeux se font lance-roquettes et, méprisant, il lâche :
« T’es pas un Arabe, toi ! »
Aussitôt , sans même comprendre le signification de ces mots, je réagis :
« Si, je suis un Arabe !
– Non, t’es pas un Arabe, j’te dis.
– Si, je suis un Arabe !
– J’te dis que t’es pas comme nous ! »
Alors là, plus aucun mot ne parvient à sortir de ma bouche. Le dernier reste coincé entre mes dents. C’est vrai que je ne suis pas comme eux.
Une terrible impression de vide s’empare de moi. Mon coeur cogne lourdement dans mon ventre. Je reste là, planté devant eux, et, sur mon visage, mille expressions se heurtent, car j’ai envie de pleurer, puis de sourire, résister, craquer, supplier, insulter.
Nasser intervient :
« Et en plus tu veux même pas qu’on copie sur toi ! »

Le tout est précis, touchant, drôle et écrit dans un style agréable. L’auteur ne se veut pas juge d’une société dont les absurdités sont, ici, manifestes mais au contraire, il semble croire en la force de l’objectivité, de la description. C’est un appel à l’espoir mais aussi un devoir du constat : la vie est injuste et se battre demeure l’incessante solution.

Que peut-on ressentir en lisant une telle histoire? Pour ma part, je n’ai RIEN ressenti sinon quelques accès de rire lors de passages comiques comme celui des toilettes à la turque.

Bonne lecture 🙂

Finem Spicere,

Monsieur Touki.

 
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Publié par le 28 décembre 2012 dans Inter nos

 

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