« Il avait été deux fois premier lors des compositions. Ce succès avait suscité des jalousies parmi les rangs des bons élèves. Et comme il lui échappait quelquefois une ironie méprisante à l’adresse des cancres, il n’y avait pas moins d’animosité contre lui aux autres degrés de la classe. Les choses commencèrent par des taquineries assez innocentes; elles furent un peu encouragées par l’insouciance de la plupart de nos professeurs qui, malgré ses bonnes places, n’aimaient pas Silbermann.«
Un superbe livre pour de multiples ressentis.
Silbermann est juif et le narrateur, protestant. Nous sommes au début du vingtième siècle : leur amitié est difficile mais point inéluctablement.
J’en ai connu des Silbermann, version cancre. Beaucoup. Un m’a marqué. Ce livre m’y a paradoxalement fait penser.
J’étais en 4ème (système français) et il y en avait un, qui faisait tout pour bien se faire voir mais qui, en raison de quelques boulettes de comportement, était un véritable bouc-émissaire. Le cercle vicieux de l’injustice aidant, il commençait vraiment à déraper…
Je tenais à ce moment-là, attention, accrochez-vous, le CLUB LECTURE de mon collège qui, en gros, choisissait les livres que la bibliothèque (CDI) devait acheter. Nous étions un petit groupe et chaque semaine nous présentions à l’oral et à l’écrit nos lectures de la semaine… Je l’ai convié à plusieurs séances… et il a fini par venir tous les jours. A la fin de l’année, il était devenu mon second. il passait plus de temps au Club lecture qu’ailleurs… Le plus grand paradoxe de cette histoire ? Sa réputation n’a pas faibli d’un poil. Mais lui, allait mieux et c’est bien là l’essentiel.
Un livre fort car bon, nous avons tous connu notre Silbermann.
Monsieur Touki.